POURQUOI L'AGROÉCOLOGIE ?
Ma reconversion dans l'agriculture est née d'un désir très fort, en moi, de revenir à des choses essentielles : cultiver la terre, au milieu des Éléments.
Dès lors que l'être humain s'est sédentarisé, il a dû inventer l'agriculture. En quittant son statut de chasseur-cueilleur, il s'est extrait de la Nature. Selon les régions de la Terre, l'agriculture a suivi des chemins très différents. La forme d'agriculture dont nous avons hérité en Europe (puis que les Européens ont importée dans le "Nouveau Monde") nous vient du Moyen-Orient, et plus exactement de ce qui a été désigné sous le terme de Croissant fertile. Une agriculture basée sur un travail du sol, de plus en plus profond particulièrement depuis le milieu du 20e siècle.
Ce travail du sol tue les organismes qui y vivent, oxyde la matière organique fertile en relarguant de grosses quantités de CO2, provoque l'érosion et l'imperméabilisation des sols en polluant les cours d'eau, etc.
Une mécanisation toujours plus poussée et puissante aggrave encore la perte de fertilité des sols et consomme des carburants fossiles, contribuant à l'accroissement de l'effet de serre et à la diminution permanente du nombre d'agriculteurs.
Je souhaitais participer à un renouveau de l'agriculture en questionnant tous ces grands enjeux, consciente du fait que l'agriculture industrielle et chimique constitue une impasse catastrophique pour l'avenir de l'Humanité et plus généralement de tout le monde vivant.
J'ai choisi le maraîchage, car une production maraîchère diversifiée fournit une part importante de nos besoins alimentaires.
Je me suis installée dans un système de maraîchage manuel intensif (densification des cultures par rapport à un système mécanisé), sur sol vivant (objectif de non travail du sol, à terme). Il s'agissait d'un système expérimental. Cette expérimentation constituait pour moi ma contribution au monde. Mon souhait était de voir mon système devenir économiquement viable, afin de transmettre ensuite ces techniques à d'autres. Mon objectif, partagé avec des néo-paysans de plus en plus nombreux, était de voir se développer de petites fermes maraîchères cultivées manuellement sur petite surface. L'avantage de ce type de système est de permettre l'installation de nombreux porteurs de projets agricoles (bien davantage que dans des exploitations où une personne avec son tracteur peut cultiver seule des bien plus grandes surfaces). L'autre avantage était de créer un système de culture en interaction avec la nature, alors que les agricultures traditionnelle et industrielle s'opposent aux processus naturels - ne serait-ce qu'en tuant la vie du sol en le travaillant.
Pour la culture manuelle intensive, je me suis inspirée du modèle de la Ferme du Bec Hellouin (particulièrement pour les associations de cultures), et de l'expérience de Jean-Martin Fortier (au Québec).
Pour le sol vivant et la recherche sur les moyens de ne plus travailler le sol, je me suis nourrie des formations organisées par l'association Maraîchage sur sol vivant (MSV), et des séminaires entre maraîchers organisés par cette association, au cours desquels nous partagions nos expériences pour tenter de faire émerger des modèles reproductibles.
Je n'ai finalement pas pu mener mon projet à son terme, car un accident à l'épaule ne m'a plus permis de continuer ce métier passionnant, mais qui nécessitait des capacités physiques que j'avais perdues.
Un jardin expérimental en agroécologie
Lorsque je cultivais cette terre, Paysages gourmands était un jardin maraîcher assez différent des exploitations maraîchères classiques :
Légumes cultivés manuellement - c'est à dire sans tracteur - beaucoup plus densément que dans un cadre de maraîchage mécanisé. Plusieurs variétés étaient cultivées ensemble, en tenant compte des architectures des végétaux (par exemple, association des poireaux et des laitues) ou des différentes longueurs de cycles (semis simultané de carottes et radis).
Maraîchage sans travail du sol, sur un sol vivant, favorisant la présence d'une forte biodiversité. Ce sont les vers de terre qui travaillent à la place du maraîcher ! Couverture permanente du sol avec des paillages végétaux : broyat de branches (BRF) et surtout des cultures vivantes ("couverts végétaux"). J'avais suivi un certain nombre de formations proposées par l'association Maraîchage sur sol vivant, mettant les maraîchers en réseau pour faire avancer les nouvelles techniques d'agroécologie.
Absence de traitement des cultures. Gestion globale du jardin favorisant la biodiversité. La présence de haies, de fleurs, d'une mare, de zones laissées à l'état sauvage, permet l'installation d'une faune auxiliaire (prédatrice des ravageurs des cultures).
Écrit par Florence Lien permanent | Commentaires (0)
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